Soirées thématiques
Soirée Marie-Jeanne Tomasi : vendredi 19 août

Cinéaste, documentariste et scénariste, Marie-Jeanne Tomasi est une figure importante du cinéma corse. Elle figure parmi les pionnières du cinéma des années 80, membre de l’association Sinemasocci créée par Noëlle Vincensini pour la création cinématographique en Corse, issue du mouvement riacquistu, le mouvement de réappropriation artistique et culturelle de l’identité corse. Inspirée par le cinéma méditerranéen et italien (Antonioni, Pasolini…), celui de la Nouvelle-Vague (Godard), ainsi que par ses souvenirs d’enfance, elle a réalisé plus d’une vingtaine de films documentaires et de fiction, en réalisant d’abord des courts-métrages de fictions dans les années 80, dont Ava Bastà ! et Dolce Vendetta, pour ensuite se tourner vers le documentaire. Souvent les personnages de ses fictions sont des femmes corses, inspirées par le souvenir de sa grand-mère, marquées par la solitude et par l’errance. Ses films parlent corse et traduisent une vision du monde avec sa sensibilité d’insulaire. Ayant toujours voulu rester et vivre en Corse, c’est dans l’observation de la vie de son village et de son île qu’elle trouve la matière de ses films.

« J’ai fait des films comme j’aurais pu être bergère, parce que je voulais voir se lever et se coucher le soleil ici, je suis trop viscéralement attachée à la Corse… » Marie-Jeanne Tomasi

En présence de la réalisatrice.

20h30 – Cinéma des Familles
Une séance – trois courts-métrages

~ Quelques jours en automne ~
France – 1984 – 35’

Quelques jours de ma vie où je voyage et pour combler ma frustration de ne pas “tourner”, je fais des photos polaroïds… Un voyage à la fois sentimental et didactique, où se mêlent passé et présent. Quant à l’avenir incertain, il est seulement suggéré par le dernier plan du golfe d’Ajaccio...

Documentaire
Français

~ Avà Basta ! ~
France – 1983 – 21’

Un film en noir et blanc, noir comme les yeux, les cheveux, la combinaison de la belle actrice Agathe Luciani. Noires les grandes fleurs qui envahissent les murs de l’appartement et enferment la femme. Blanc comme le soleil d’hiver sur Sartène et ses austères demeures. « Maintenant ça suffit ! » Une femme dans son appartement. Une place de village corse sous le soleil d’hiver. Une voix anonyme au téléphone… et à la fin ce cri...

Fiction
Corse sous-titré français

~ Dolce Vendetta ~
France – 1988 – 26’

Le patriarcat. Lui, chasse, met les pieds sous la table pour se faire servir. Elle, s’occupe des enfants, des repas, tient la maison, attend. La vie ordinaire, de mère en fille. Mais il y a aussi une voyante, Ingrid Bergman dans Voyage en Italie et un châtiment mythologique. Un couple dans son quotidien, en Corse. À elle, les enfants et la maison, à lui, les cafés et les paysages alentours jusqu’à la mer. Légataire de tout un passé de traditions, elle va s’en souvenir pour fomenter une étonnante vengeance. Douce Vengeance ? pas si douce !

Fiction
Corse sous-titré français

 22h45 – Cinéma des Familles

~ A Vargugna ~
France – 2012 – 52′

La vie : le vert printemps corse, les iris, le lilas, les lances des feuilles de figuier. La mort : celle du père, des villages, de la langue. Et la bienheureuse renaissance par les mots, la création poétique et les métaphores. « J’ai grandi à tâtons, comme une rame de haricots, comme un tison, comme une graine stérile hors du sillon » dit Anghjulu Canarelli dans un beau réquisitoire pour la langue corse. De retour chez lui, il revisite son passé à l’aide d’une pièce théâtrale, et d’un soliloque adressé au père avec qui il a été en conflit, notamment, à cause de la « ghjunghiticcia » l’intruse, cette langue française venue s’emparer du vécu et de l’imaginaire de son peuple.
Anghjulu Canarelli évoque son passé villageois et met en évidence la progressive disparition de la langue corse. Des anecdotes, des extraits poétiques de la pièce A Vergogna soulignent tout autant cette perte et la courageuse réappropriation de l’histoire familiale, de la langue et de l’image enfin réhabilitée du père.

Documentaire
Corse sous-titré français

Soirée Thierry de Peretti : samedi 21 août

Acteur, metteur en scène de théâtre et cinéaste corse, Thierry de Peretti, débute sa formation à 17 ans au sein de la classe libre du cours Florent. En parallèle à ses remarquables mises en scène de théâtre, il s’illustre en tant qu’acteur sur les planches et au cinéma, son désir premier, notamment sous la direction de Patrice Chéreau, Ceux qui m’aiment prendront le train (1998), et de Bertrand Bonello. Animé par l’ambition de produire des nouveaux récits sur la Corse, il débute la réalisation en 2006 avec Le jour de ma mort, son premier court-métrage, puis Sleepwalkers (2011), et son premier long-métrage, en 2013, Les apaches, qui offre un regard nouveau sur les jeunes corses des cités, originaires de l’île ou issus de l’immigration marocaine. Suivent ensuite Une vie violente (2017), qui explore la violence politique qui a secoué la Corse dans les années 90 et Lutte jeunesse, son documentaire-miroir. Comme le montre aussi son dernier film, Enquête sur un scandale d’Etat (2022), l’œuvre de Thierry de Peretti se construit sur la politique-fiction, tournant autour de thématiques récurrentes (le terrorisme, la mafia…), et pose la question de la violence et de l’identité. Le réalisateur s’inspire du cinéma italien des années 70, comme celui de Francesco Rosi, mais revendique également un goût affirmé pour le «regard insulaire» des cinéastes de la nouvelle vague taïwanaise (Hou-Hsiao-Hsien, Edward Yang, Tsaï Ming Liang…). Un regard insulaire que l’on perçoit dans ses films sur la Corse, territoire de cinéma moderne, où se mêlent aventure intime, exploration de la violence, et analyse de son impact sur la société.

20h30 – Cinéma des Familles
Une séance – deux films

~ Le jour de ma mort ~
France – 2006 – 19’

Une nuit d’été, sur une place de village, quelque part en Méditerranée, un bal se donne. L’arrivée de Simon et de ses deux amis d’un clan rival est vécue par les organisateurs comme une provocation. Un mouvement de foule, une fuite, une poursuite, et des balles qui sifflent. Le jeune homme vient de vivre sans le savoir, les derniers moments de sa vie.

Le film est dédié à Christophe Garelli, 27 ans, abattu en 1998, lors d’une fête dans un village de Haute-Corse.

Fiction
Corse sous-titré français

Documentaire
Français

~ Lutte Jeunesse ~
France – 2017 – 55’

En se rappelant des entretiens menés lors du casting pour le rôle principal de son long-métrage Une vie violente, le réalisateur décide de revenir à ce matériau très riche et d’en faire un documentaire. Des jeunes hommes corses témoignent, face caméra, du rapport qu’ils entretiennent avec leur île, son passé et son présent. À travers les mots, se dessine le portrait de toute une génération, entre tentation du nationalisme et rêves d’un nouveau départ, ailleurs. Par la parole, quelque chose se noue, sous nos yeux et sans qu’on s’en rende compte. Une manière de cerner des récits communs.

22h15 – Cinéma des Familles

~ Une vie violente ~
France – 2017 – 1h53

Stéphane, né à Bastia, retourne en Corse pour assister à l’enterrement de Christophe, son ami d’enfance et compagnon de lutte, assassiné la veille. Stéphane se rappelle alors l’enchaînement des événements qui ont fait de lui un nationaliste radical, puis un clandestin. Le film est librement inspiré de l’histoire de Nicolas Montigny, jeune militant nationaliste corse de Armata Corsa assassiné à Bastia en 2001.

Fiction
Français

Soirée Colomba : lundi 22 août

Issu d’une famille corse, Ange Casta (1927 – 2020) commence sa carrière à la RTF puis devient réalisateur en 1955. Avec plus de cent films à son actif, il navigue entre les différents genres :fictions, grands reportages et documentaires de création, qui lui vaudront de nombreux prix nationaux et internationaux. En 1967, Ange Casta adapte pour la télévision Colomba, célèbre roman de Prosper Mérimée. Prosper Mérimée explore en 1840, la veine romanesque de la vendetta, règle coutumière selon laquelle une famille offensée doit rendre justice par elle-même pour laver son honneur. Cependant, à l’origine, le projet d’Ange Casta était documentaire : il souhaitait témoigner de la disparition d’une société -celle de son père- en en représentant les usages et les pratiques. Le réalisateur souhaitait donc créer une histoire originale, mais la production impose l’adaptation du roman. Le différend se règlera par un compromis: il adaptera Colomba mais sans comédiens professionnels, avec des personnages choisis en Corse et le film parlera corse et sera sous-titré ! Du croisement de cette contrainte de la fiction et d’une volonté documentaire nait un film original, un document ethnographique traitant la vendetta comme une question collective, où une société toute entière est organisée sur le principe de la nécessité de la règle. Par la fiction, il rendra compte du réel.

20h30 – Cinéma des Familles

~ Colomba ~
France – 1967 – 1h34

Ange Casta, souhaitant témoigner de la disparition d’une société, adapte pour la télévision le célèbre roman de Prosper Mérimée, paru en 1840. Le film est une somptueuse et sobre chronique villageoise en noir et blanc, en langue corse, avec des acteurs non professionnels. Là où le romancier s’est plu à ne voir que l’entêtement de Colomba, indomptable sauvage assoiffée de vengeance, le réalisateur construit son récit avec lucidité, sans nostalgie, comme un chant choral en faveur de la coutume. Contrairement à Mérimée qui, sous couvert de romanesque, accuse et méprise les usages surannés, c’est en les replaçant dans le cadre du droit coutumier qu’Ange Casta interroge la vengeance, rappelant qu’elle fut, en son temps, un mode légitime de règlement des conflits.

Fiction
Corse sous-titré français